dimanche 29 juillet 2012

Conséquences

Nous finirons la seconde partie de Retour aux Bois avec uniquement les personnes présentes à la première : aucune ségrégation de ma part, mais les intégrer comme un cheveux sur la soupe est irréaliste, surtout que le scénario devient très personnel pour Ivory. Je le vois mal impliquer plus de gens dans ses histoires de famille...

Sinon, Otto et James vont acheter chacun un niveau en créole.
C'est autoritaire, mais il faut bien expliquer que vous parliez à tout le monde sans problème, alors qu'autour de vous on n'emploie pas l'anglais...

Retour aux Bois - 1ère partie

Août 1863, les deux armées épuisées cessèrent brusquement toutes les offensives, et sans accord, reconnaissant tacitement l'incapacité de chacune à remporter l'initiative, elles accordèrent de larges permissions dans leurs rangs.
Le capitaine Boyd, sur l'invitation de sa mère, revint dans son foyer avec deux de ses hommes, le lieutenant McKilligan et Otto. La descente vers la Nouvelle Orléans à bord d'un steamer dura une petite et langoureuse semaine, où les trois hommes profitèrent de ce répit. Il faisait chaud et humide, et Otto eu immédiatement du mal avec la nourriture épicée cajun, mais le palefrenier de la famille, Charlie, les attendait, tout sourire.
Après un petit retard tout protocolaire, et un changement de tenue pour Otto, les trois compères se retrouvèrent à la table de leur hôte, Rebecca Boyd, la mère de leur camarade, une femme toujours sculpturale malgré son âge

Rebecca Boyd (plus jeune j'en suis conscient...)
Festoyaient avec eux :
* Auguste Bois, l'oncle d'Ivory Boyd, un homme rondouillard, l'un des gérants de l'Abeille de la Nouvelle Orléans, l'un des principaux journaux francophones de la cité.
* Ernestine Bois, sa femme.
* Gaston Bois, leur premier fils, enseigne sur un navire corsaire de la Confédération, le CSS Alabama.
* André Bois, leur deuxième fils, premier lieutenant d'artillerie, revenu du front de Gettysburg.
* Augustin Saheiro, un cousin de la branche espagnole de la famille, un très bel homme latin, gérant actuel de la fortune familiale.
* Thomas Cotton, le père de Rebecca Boyd, un vieil homme d'origine anglaise droit dans ses bottes et ses principes.

Le déjeuner s'étendit volontiers sur la situation de la guerre civile, "l'agression des Yankees sur les valeurs traditionnelles du Sud éternel", comme le souligna M.Cotton. Les militaires réussirent à se regrouper entre eux, et purent échanger leurs expériences personnelles sur le front, et le retour des morts. Si Gaston accusa le coup, André ne semblait pas vraiment surpris et confirma leurs histoires...

André Bois


Quelque chose chiffonnait les trois compères : les natifs de la Nouvelle Orléans étaient réticents à parler de la fameuse insurrection qui avait chassé la garnison Yankee de la ville. Ils décidèrent de tenter d'en apprendre plus chacun de leur côté.
Otto apprit simplement de la part d'une prostituée mal à l'aise qu'il ferait mieux de se tenir à l'écart des Bois, qu'elle considère comme une famille maudite.
James réussit à faire parler un poivrot, qui lui lâcha au bord du coma éthylique que " le gouverneur Yankee s'était mis à dos les nègres en interdisant leurs cérémonies vaudou", et que la garnison avait payé le prix fort.
Ivory discuta avec le père Doyen, celui qui s'occupait de leur paroisse, Saint Cécile, et obtient une confession gênée de l'ecclésiastique, qui lui avoua que ce fut la pire nuit de son existence, et qu'il n'a jamais entendu de tels cris d'horreur sortir de gorges humaines.
Otto tenta bien de faire parler la plantureuse et maternelle cuisinière, Mama Lucille, mais celle ci horrifiée ne voulait rien savoir du vaudou.

Rebecca Boyd et Mama Lucille (OK c'est gone with the wind, j'fais ce que j'peux !)
Au lendemain, après leur petit déjeuner, les trois hommes entendirent venant du salon de musique une série de notes interlopes. Si les premiers accords furent clairement identifiés par Ivory comme du Mozart joué par sa mère, la suite s'avéra digne d'un bordel du Carré Français ! Intrigués, ils s'avancèrent vers la pièce et virent une Mama Lucille tremblante qui revenait avec le thé de madame : pénétrant dans la salon de musique, ils trouvèrent une Rebecca en train de se rafraichir avec un éventail à côté de la porte fenêtre. Toutefois, James confia plus tard à ses amis qu'il avait vu des mains invisibles en train de caresser les formes plantureuses de Rebecca et que celle-ci n'y était pas insensible...
Pendant qu'Otto parcourait avec Rebecca les portraits de famille dans la galerie dédiée, et se faisait expliquer que Jérémie, son mari, avait disparu dans les bayous quelques jours avant la mort de son propre père, Gabriel, Ivory interrogeait successivement Mama Lucille et Henri Sucre, le majordome sur les événements s'étant déroulés dans la maison.

Henri Sucre et Charlie
Tous deux convinrent que depuis la fameuse nuit du 4 juillet, où la garnison Yankee avait été massacrée, les choses n'étaient plus pareilles. Madame était sous l'emprise de quelque chose, et le vaudou avait dévoilé une puissance jusque là inconnue. Henri Sucre accepta de mettre en relation Ivory avec un hougan vaudou.

Pour se changer les idées, les trois compères entreprirent l'après-midi d'aller visiter la plantation familiale en dehors de la Nouvelle Orléans. Ils découvrirent Augustin en plein travail, supervisant la récolte de coton. Il les encouragea à se balader dans la propriété et à se réfugier à l'intérieur, pour se désaltérer face aux trop grande chaleurs. Par hasard, ils tombèrent sur un bâtiment lugubre et visiblement abandonné, lieu où mourut la tante Gladys Cotton d'une méningite foudroyante. Surmontant son effroi, Ivory y pénétra et découvrit dans la chambre une pièce entièrement recouverte de vévé vaudou et de mots en créole. Devant leurs yeux, une bible poussiéreuse sortie du rayonnage d'une bibliothèque, et s'arrêta sur le passage suivant :

20. Noé commença à cultiver la terre, et planta de la vigne.
21. Il but du vin, s’enivra, et se découvrit au milieu de sa tente.
22. Cham, père de Canaan, vit la nudité de son père, et il le rapporta dehors à ses deux frères.
23. Alors Sem et Japhet prirent le manteau, le mirent sur leurs épaules, marchèrent à reculons, et couvrirent la nudité de leur père; comme leur visage était détourné, ils ne virent point la nudité de leur père.

24. Lorsque Noé se réveilla de son vin, il apprit ce que lui avait fait son fils cadet.
25. Et il dit : Maudit soit Canaan ! qu’il soit l’esclave des esclaves de ses frères !
26. Il dit encore : Béni soit l’Éternel, Dieu de Sem, et que Canaan soit leur esclave !
27. Que Dieu étende les possessions de Japhet, qu’il habite dans les tentes de Sem, et que Canaan soit leur esclave ! »

Alors que les trois hommes sortaient ébranlés de la chambre, ils virent un charbon noir s'élever seul dans les airs et inscrire les mots suivants : "Ton père revient".