jeudi 28 juin 2012

Le voile : une nouvelle lettre d'Otto


Il paraît que le voile doit être jeté sur de nombreuses choses ces temps ci mon oncle.
Oui.
Je ne sais pas.
Je comprends que les gens aient besoin de dormir tranquilles, si tant est que la chose soit possible dans cet étrange pays qui est le nôtre, terre d'accueil de tous les immigrés du monde.
Mais tu vois, je reviens d'un périple encore un peu bizarre.
Et j'ai découvert quelque chose que je ne soupçonnais pas. Je ne peux pas te parler de la teneur exacte de la mission mais elle concernait le fait d'accompagner un anglais qui avait vu des choses, comme moi, jusqu'à un gros responsable du Sud qui a fini sa vie d'une manière peu conventionnelle, possédé par l'esprit de celui qui aurait tout déclenché début juillet.
Quoi ?
Tu dois te poser des questions ?
Oui, je sais.
Mais je reviens à cette chose que j'ai découverte : la mission exigeait qu'on soit en civil, et je dois avouer que j'ai bien aimé ça... Les costumes de l'armée n'ont jamais été standards pour ma taille et les occasions de causer jamais aussi nombreuses que lors de cette mission.
Pour dire les choses simplement, c'est vraiment la mission que j'ai préférée accomplir mon oncle. Pour une fois, il n'y avait pas à flinguer des types en face. Surtout pas flinguer. Civils, en terres pouvant être parcourues par des nordistes, il fallait s'écraser.
Lorsque nous nous sommes faits enlever nos chevaux, même topo. Furtivité et discrétion, savoir couler dans les ombres plutôt défourailler dans les lignes ennemies...
Je te passe vraiment les détails mon oncle.
Mais si tu savais... Je pense que des hautes autorités vont s'occuper du problème qui est maintenant celui de tous, hommes blancs, rouges ou noirs. Un châtiment pèse sur nous et j'ai intuition qu'outre la volonté, il faudra la foi de certains êtres comme toi ou ma grand-mère pour trouver la lumière qui percerait les ténèbres.
Je pense avoir aperçu en partie le pouvoir de la lumière lors de l'affrontement contre le monstre qui possédait notre hôte.
Il existe peut-être un espoir, sans doute même.
Et il le faut parce que je n'avais jamais imaginé qu'il fut possible qu'une possession transforme à ce point un hôte ou lui donne les pouvoirs que j'ai observés sur lui.e
J'espère obtenir un jour une permission pour aller vous voir.
En attendant, j'ai vérifié, nous n'avons plus beaucoup d'aumôniers et s'il te venait l'envie de quitter la pointe du Sud où je t'envoie cette lettre, tu serais sans doute le bien venu au camp de Nachez.
Je doute que l'armée fasse appel aux services d'un shaman.
Je doute.
Du moins pour l'instant. Moi j'ai eu besoin de me raccrocher à quelque chose à la fin de cette histoire et je me suis souvenu d'à quel point tout pouvait être interprété selon les points de vue de la religion de laquelle on est issu.
Le soleil ou l'ours, je ne sais pas qu'elle est mon guide ou mon totem mais dans l'absolu, il serait comme un ange envoyé par Dieu du point de vue où toi tu te places...
Enfin bref, je ne veux pas te prendre la tête avec le combat de la lumière contre les ténèbres...
Ça fait un moment que je ne t'ai pas demandé de nouvelles.
Comment vont ta femme, la petite et les jumeaux ? Herman et Adelf vont sur leur 15 ans, bientôt des hommes... Est-ce qu'ils t'ont fait part de ce qu'ils voulaient faire plus tard ? Et Astrid ? Déjà 7 ans. Elle a dû grandir depuis deux ans que je ne vous ai pas vus... Je suis certain qu'elle est la première de sa classe connaissant l'intelligence de la mère et du père et l'éveil de la petite.
Bien à toi, mon oncle...

samedi 9 juin 2012

Misquamacus

Ils sont venus par delà les mers. Ils ne connaissaient pas nos terres, nos usages. Ils étaient aveugles et sourds.
Nous les avons accueillis. Nous les avons nourris. Nous les avons traité comme nos frères.
Ils nous ont spolié nos terres. Ils nous ont parqué dans des réserves.
Nous mourrions de faim. Nous n'étions plus libres sur nos propres terres.
Ils nous ont donné l'alcool, qui détruit l'esprit, des couvertures contaminés, qui consumèrent nos corps.
Nous nous sommes révoltés. Nous avons dis assez. Nous les avons chassé.
Ils détruisirent nos sources, nos réserves de nourriture.
Ils inventèrent des traités, des textes, qui leur donnèrent raison.
Ils ne connaissent ni l'esprit de justice, ni la modération.
Ils tuent tous ce qu'ils veulent. Ils violent la terre pour lui arracher des gemmes jaunes.
Comme ils ne peuvent vaincre nos frères d'égal à égal, ils ont inventés des armes meurtrières et s'en servent pour attaquer nos camps, nos femmes, nos enfants, nos vieillards.
Je dis assez.
Il est temps de rendre les coups qu'ils nous donnent.
Nos ancêtres savaient.
Ils avaient combattu et restreint les menaces qui voulaient conquérir notre monde.
Ils s'étaient sacrifiés pour tous, pour que nous puissions vivre sans avoir à regarder derrière notre dos.
Il est temps que les blancs apprennent le prix du sang.
Ils sont "rationnels", ils ne croient pas aux puissances des ténèbres.
Je dis qu'il faut relâcher ce qui est contenu à l'Extérieur.
Je dis qu'il faut passer un pacte avec eux.
Je dis que les blancs doivent réapprendre à avoir peur de la nuit.






(Pour moi, Magneto et Misquamacus ont beaucoup de choses en commun... ce sera désormais son thème musical, ce sera plutôt pas bon signe quand vous l'entendrez... )

QUI EST AVEC MOI ????


L'escorte

La superproduction "Retour aux Bois" ayant été ajourné, faute de départ impromptu de la star principale, nous avons tourné plutôt une mignonettte série B, jugez plutôt...

Le lieutenant génaral Pemberton confie une mission importante au lieutenant Mc Killigan. Il escortera une huile, un certain Arthur Fremantle, jusqu'à Huntsville - Texas - où il doit impérativement rencontrer Samuel Houston, l'ancien gouverneur du Texas. Ils auront à deux chevaux par personne, des munitions, des vivres, de l'argent, tout ce dont la Confédération peut se passer, pour l'amener sain et sauf là bas.

Sir Arthur Fremantle      
L'homme se présente rapidement devant eux, effectue un rapide salut militaire : il est jeune, solide, habillé en civil et de nature plutôt joviale. S'il fraternise rapidement avec Otto, il exaspère tout aussi soudainement Mc Killigan, qui ne supporte pas l'accent british et la "suffisance" des militaires sortis des écoles...

Le petit groupe s'ébranle rapidement, mené par le jeune Chuko, et fait rapidement connaissance avec le climat tropical de la Louisiane : la chaleur leur tombe dessus et assomme Anton Mc Dougall, leur médecin, qui s'écroule, fiévreux. Essayant de reprendre leur chemin, en l'ayant maintenu sur sa selle, ils croisent malencontreusement la route de l'armée du général de l'Union William Dwight, le 1er et 3ème Régiment de Lousiane, formé intégralement d'anciens esclaves. Ils réquisitionnent leurs chevaux, les obligeant à revenir dans leur camp de nuit pour les voler sous leurs nez.

A peine parti, les voilà rattraper par une violente tempête qui les force à trouver refuge dans un hameau abandonné, ce qui donne à Anton le temps de retrouver un peu de force.
Le lendemain, ils arrivent à Vermillionville, ils viennent d'entrer dans l'Acadiane, au bord de la rivière Vermillion, entre deux bayous, un endroit où l'on parle cadien et après français. Heureusement, Arthur Fremantle parle français et arrive à leur dégotter une chambre et un bon repas. Ils assistent à une procession funéraire dans la ville, et grâce encore une fois à l'anglais, ils comprennent qu'on enterre toute une famille de fermiers, qui vivaient en dehors de la ville, décédé d'une fièvre maligne. Toutefois, le fossoyeur Joseph Limier est sceptique. Durant la nuit, Anton ira ouvrir seul le caveau pour découvrir que les corps sont exsangues et couvert d'une multitude de piqures...
Le lendemain, la petite troupe comprendra trop tard, alors qu'elle cherchera à installer son campement pour la nuit, ce qui était arrivé aux malheureux fermiers acadiens : un vol de moustiques géants les attaque et ils ont le plus grand mal à les exterminer.

Arrivant à Lac Charles, la dernière grand ville de l'Acadiane, alors qu'ile espéraient se reposer après une éprouvant voyage dans les bayous, ils vivent tous le même affreux cauchemar. Ils firent partie du raid du colonel Connor sur le camp Shoshone de la Bear river, qui se conclua par un épouvantable massacre.

le site du massacre
Alors qu'ils repartaient en chantant après avoir violé, tué et pillé tout ce qu'ils pouvaient, ils virent le sol dégorger de sang et former le visage haineux d'un indien.
Ce cauchemar revint tous les soirs, les hantant, les empêchant de dormir.

Ce fut des hommes hagards et épuisés qui frappèrent à la porte de Sam Houston à Huntsville. Sa femme Margaret les informa qu'il était mourant, atteint d'une pneumonie. Elle reconnut Sir Arthur Fremantle et accepta qu'il rencontre son mari. Ebranlé par les révélations de l'anglais sur la situation à Gettysburg, Vicksburg, et tout le long de la route, le vieux Texan accepta de faire convoquer chez lui le gouverneur du Texas, Edward Clark, et John Salmon Ford, l'un des dirigeants des Texas Rangers.
Malheureusement il mourut dans la nuit, et les deux hommes arrivèrent trop tard au petit matin. Ce 26 juillet 1863 devait pourtant rester dans les annales secrètes de la Confédération : le cadavre de Sam Houston se releva de sa chambre, possédé par un shaman indien puissant qui s'attaqua ivre de vengeance à tous ceux présents.
Mais cette action eu l'effet inverse recherché : non seulement ils triomphèrent avec difficulté de lui, mais les Texans, éberlués par ce qu'ils virent, firent des Texas Rangers un corps dédié à la chasse du surnaturel...

Sam Houston



vendredi 8 juin 2012

Une lettre d'Otto

Bon.
Bon, bon, bon...
Je regarde le soleil. Ouille ça fait mal. On ne peut pas le voir longtemps.
Est-ce que le Grand Manitou ou Dieu habite dans le soleil ?
Est-ce que sa lumière serait assez forte pour repousser les morts qui marchent ?
Les morts qui marchent ?
Ah, elle est bien bonne, Otto, resers moi un godet ! Vous allez dire.
Non. Non, non et non. Je ne plaisante pas.
C'est dur à expliquer. Je ne sais pas si je peux expliquer.
Je ne sais même pas si j'utilise les bons mots, mon oncle.
Je crois que j'ai besoin de tes lumières... J'ai vu un prêtre se faire égorger, tu sais, et il n'a pas pu lutter contre les morts qui marchent.
Peut-être qu'il n'avait pas assez la foi.
La foi soulève des montagnes, tu m'as dit un jour.
Eh bien, il y en a parmi les miens qui ont utilisé un savoir ancestral, une foi ancienne, et qui ont soulevé une montagne dans le monde des esprits, mon oncle.
Et les morts ont marché dans la ville où j'étais. Je préfère t'en taire le nom pour l'instant, parce que je ne sais pas la position actuelle de l'armée à ce sujet.
Je préfère espérer que les morts n'ont marché que dans la ville où j'étais... Mais j'ai eu une vision envoyée par ma grand-mère. Je crois qu'il y en a d'autres.
Ils étaient si nombreux dans cette ville, mon oncle. Avec ma compagnie, on a dû tenir pour les affronter et permettre aux nôtres de fuir.
Et je vais te dire une chose. A un moment, ça a été vraiment, vraiment, vraiment horrible, ils étaient des dizaines sur notre dos avec Chico. On avait été chargé de placer un tonneau d'explosifs dans la cave de la maison depuis laquelle ils avaient installé un canon qui pilonnait nos positions. Et depuis, je fais des drôles de cauchemars.
J'ai jamais fait de cauchemars. Jamais. Mais des morts qui marchent... Et encore, c'est pas tant les morts qui marchent, parce que eux, tu peux encore les tuer, c'est plus la possibilité qu'ils se réveillent qui m'inquiète, tu vois.
J'ai du mal depuis cet incident à voir des cadavres et la seule manière logique que je vois pour pallier à ça, c'est de leur couper la tête.
Oui. Couper la tête. Tu entends mon oncle. Si jamais, toi aussi, tu tombes sur des morts qui marchent, vise la tête. La tête.
J'ai bien conscience que ce n'est pas très chrétien de vouloir couper la tête des morts ou qu'ils partent en fumée, mais c'est la seule solution que je vois pour qu'ils ne se relèvent pas dans les endroits où ils pourraient se relever.
Alors, voilà, je sais que ça a l'air fou tout ça. Mais tu sais à quel point, je respecte la parole des anciens de la tribu et à quel point je te respecte toi et papa (à ce sujet, j'aimerais bien savoir où il en est avec le chemin de fer)...
Je ne t'écrirais pas des histoires. Tu le sais.
Peut-être que toi tu as vu aussi des trucs. Peut-être.
Et en cas que tu sois influent, il y a une chose tant qu'à faire que j'aimerais bien, c'est que notre compagnie travaille avec toi ou un aumônier que tu pourrais nous recommander. Enfin, quand je dis compagnie... Nous ne sommes plus que quatre (le capitaine Boyd, le lieutenant Mc Killigan et Chuco, en plus d'un magasinier, Peter Walter, et d'un docteur rencontrés sur le champ de bataille). Je ne sais pas ce qu'ils vont faire de nous. Ça ne serait que de moi, j'aimerais bien faire partie d'une branche chargée de lutter contre ces horreurs. Au moins, le combat me semble plus « juste ». Je sais bien que le Nord nous attaque surtout pour des raisons commerciales maintenant. Mais en face, il n'y a souvent que des hommes comme moi, qui n'ont pas forcément demander à mourir sur le champ de bataille.
J'ai eu le temps d'aller passer quelques jours, après les événements, dans la tribu de Chico, le p'tit gars qui nous sert d'éclaireur. Ça m'a fait du bien, tu vois...
Et je me suis rendu compte que pour être totalement rassuré, j'avais juste besoin que tu me causes de la famille, et puis aussi si tout vas bien dans le saloon de Rosie.
Ouais, je sais. T'es pas trop chaud pour que je regarde danser Rosie.
Mais si Dieu nous a donné un don à tous, ça serait péché de ne pas l'exploiter, pas vrai ?
Bref.
Crois-tu que le soleil puisse nous aider à lutter contre les créatures nées des ténèbres ?
Des hommes d’Église, comme toi, ont-ils senti un changement ?
Et crois-tu que la foi puisse faire quelque chose contre ces créatures ?
Je n'ai jamais été persuadé d'autre chose que ma dévotion devait d'abord aller à ma famille et aux miens. Mais, là, seul, en face des ténèbres, je crois que je me suis dit que j'avais besoin d'une lumière intérieure. D'un soleil pour me guider et éviter que ma volonté ne parte en vrille...

Je t'embrasse, mon oncle. Transmets toute mon affection à mon père.
Et je t'en prie, n'oublie pas de donner des nouvelles, surtout si tu as un aumônier à recommander. Tu trouveras ci-joint le numéro de la garnison et la ville où nous nous trouvons.

Otto.